Hidding around the corner | Leo

Mon client était un rapace. Pas du genre que je cautionnais nécessairement. Mais bon. J'avais besoin de cet argent. Et je pouvais vous certifier qu'une fois encore, ce serait de l'argent facile, cette fois-ci. Bon dieu. Je désespérais. J'avais terriblement envie de tous les envoyer paître, ces petits imbéciles aux aspirations si convenues ; et aux demandes aux réponses si évidentes : ces derniers temps, on ne m'appelait que pour de stupides affaires d'adultères. Rien de très folichon : c'était l'évidence même, que madame allait voir ailleurs. Pourtant, il était presque obligatoire pour moi de mener l'enquête, prendre des photos, pour appuyer nos soupçons. Sauf que voilà, cette fois-ci, c'était beaucoup plus complexe que je ne le pensais. Directeur d'une enseigne ayant fait sa richesse, mon client avait des soupçons. Jusque là, rien que de très banal. Mais lorsque je me suis aperçu que sa femme avait des relations avec l'un des sbires du gars le plus recherché du pays, je me suis douté, que c'était plus compliqué qu'une simple affaire de tromperies.

Après quelques jours à les filer, devenant par la même occasion l'ombre de leur ombre, en quelque sorte,  prenant bien évidemment le soin de ne jamais me faire remarquer et effacer mes traces, mon travail avait porté ses fruits. Et j'avais entendu qu'ils devaient se voir, demain, dans un hôtel d'une rue passante de la ville. En somme, un endroit parfait, pour glâner quelques infos. Il fallait juste que je trouve la planque adéquate… et surtout, qu'on veuille bien me la céder pour… un jour ? Qui savait, peut être que par la suite, je déciderais de la garder ? Enfin. Rien n'était joué. Il fallait tout d'abord que je trouve la planque adéquate, juste en face de ce foutu hôtel.

D'où ma venue chez cet agent immobilier. Je n'étais pas venu par hasard : je n'avais eu que des bons retours sur lui, et quelques coups d'oeil circulaires et discrets dans son agence m'avait déjà permis de savoir quelques petites choses me rassurant. Non, je n'étais pas devin. Seulement observateur. Il n'y avait jamais d'invention de ma part, dans ce que je pouvais affirmer. Peut être parfois,quelques spéculations, très souvent justes. Ni plus, ni moins.
Habillé de mon trench coat bleu marine, j'ai enlevé mes gants de cuir et desserré l'écharpe autour de mon cou, et j'ai lancé à la standardiste :

- Bonjour, pourrais-je voir monsieur Collins, s'il vous plait ?

Naturellement, j'avais fait mes recherches, avant de pointer le bout de mon nez ici. Et je savais parfaitement à qui m'adresser…

Je n'aimais pas vraiment attendre, même lorsque cela ne dépassait pas les dix minutes. J'étais un homme d'action, et mon temps était précieux. Alors bien évidemment, je commençais à m'impatienter, même si je tentais de me contenir. Pas que j'en aie quelque chose à faire, du regard des autres, mais on m'avait souvent expliqué que de montrer son ennui faisait mauvais genre. Mon dieu, que les gens normaux pouvaient être compliqués à comprendre... Ils se plaignaient lorsqu'on ne montrait pas ouvertement ce que l'on ressentait, mais dans certaines occasions, on ne devait surtout rien laisser paraître. Quelle bande de perpétuels insatisfaits. Du coup, je restais naturel, au grand damne des rares personnes qui me supportaient au quotidien. Ça allait plus vite que d'essayer de comprendre leurs stupides conventions qui, encore une fois, me faisaient perdre mon temps.

Observant inlassablement les locaux dans lesquels j'étais, mais aussi ce qui se passait dehors, je m'amusais de toutes ces petites informations que je pouvais glaner, d'un coup d’œil expert, sur... à peu près tout et n'importe quoi. Et lorsque l'homme que je cherchais à finalement pointé le bout de son nez, ou plutôt... lorsque sa secrétaire ne m'a conduit jusqu'à lui, un grand sourire carnassier plein de satisfaction, s'est affiché sur mon visage. Une fois dans son bureau, je lui ai tendu la main, afin de serrer la sienne, et j'ai entâmé la conversation:

- Maximilian Donovan, enchanté. J'ai une recherche un peu particulière, et à vrai dire on m'a dit beaucoup de bien de vous !

M'asseyant en face de lui, j'ai attendu quelques secondes, sans quitter ma facheuse manie de tout observer. Et ce que je pouvais voir et conclure m'amusait assez. C'était pas dit dans les publicités, qu'il était aussi... proche de sa clientèle féminine !

Honnêtement, ça ne me dérangeait pas le moins du monde, d'arriver ainsi, à l'improviste. Je partais tout bonnement du principe que… si cet homme pouvait me recevoir, tant mieux. Sinon… je n'aurais qu'à entrer par effraction dans un appartement du coin… Je savais exactement comment m'y prendre. Pourtant, allez savoir pourquoi, j'avais décidé de la jouer réglo cette fois-ci. C'était pour cette raison que je me trouvais là. Et très sincèrement, j'espérais vite sortir d'ici. Je n'avais pas que ça à faire.

Une fois dans son bureau, je l'ai salué, et me suis installé face à lui , lorsqu'il m'a signifié le fauteuil face à lui. Là, j'allai devoir lui exposer mes besoins. Louer un appart pour un jour, voir une semaine, je ne savais pas vraiment si c'était possible, avec le recul. Mais on verrait bien !

A sa question, un sourire s'est étiré sur mon visage des clients ? Je n'en avais vu aucun. Des clientes en revanche, ça, c'était une autre paire de manche. J'avais pu en entendre certaines parler en sortant de l'agence, quelques fois. J'avais lu quelques avis, et avais mené ma propre enquête, comme je le faisais la plupart du temps. Je ne savais pas agir autrement.

- euhm… non, pas exactement ! Disons que le bouche à oreille a fait beaucoup dans ma décision !


Et attendant la suite, mon sourire n'a étonnamment pas quitté mon visage.