Albuquerque. Le nouveau départ. L’endroit qui devait tout changer. Avec le recul, ma vie ici n’avait rien de plus reposante que celle d’avant. Je souffrais toujours des mêmes choses et mes « démons », comme mon psy les appelait continuaient à me coller aux baskets. Mon sac à bandoulière sur l’épaule, je pressais le pas pour me rendre à la bibliothèque municipale. J’avais quelques recherches à faire pour les cours que je prenais par correspondance et ma connexion internet avait un peu de mal à suivre mes besoins. Le temps se couvrait de plus en plus et si je ne me dépêchais pas j’allais regretter amèrement de ne pas avoir pris de quoi me protéger de la pluie. Mon regard bleuté se soulevait vers le ciel et une petite mou grimaçante se dessinait sur mon visage. Les dix minutes de trajet qu’il me restait me semblaient un peu long tout à coup. Alors que je m’empressais d’avancer, les premières gouttelettes d’eau se firent sentir. Malheureusement, mon pas dynamique n’avait pas suffi à m’épargner les trois minutes sous la pluie qui me séparait de l’entrée. Les cheveux frisotants et les vêtements tachetés de minuscule rond d’eau, je franchissais le seuil de la bibliothèque. Il y avait un certain nombre de personne et pourtant tout était si calme, silencieux. Ça en devenait presque dérangeant. La main serrée sur la lanière de mon sac, j’arpentais l’allée principale, laissant mon regard se perdre sur les divers panneaux indicatifs. Mine de rien, cette bibliothèque avait l’air plutôt grande. Il faut dire que je n’en avais pas fréquenté beaucoup dans ma vie. Avec l’arrivée de la technologie, rares étaient les situations propices à s’y rendre. Malgré tout, j’avais fini par trouver mon chemin jusqu’à l’allée dont j’avais besoin. Je parcourais, un livre puis un second et finalement j’en avais feuilleté plus d’une dizaine. Mais un chuchotement vint briser le silence qui régnait ici. J’étais persuadée d’avoir entendu mon prénom. Je me retournais vivement, comme pour chercher la provenance de ce murmure. Rien derrière, rien devant. Mes sourcils se fronçaient par incompréhension. Je replongeais alors dans mon livre jusqu’à ce qu’une ombre ne me sorte à nouveau de mes lectures. Ma tête se levait et un murmure plus distinct se fit entendre. Ma mâchoire ce serrait, je venais de comprendre que ça recommençait. « C’est pas le moment. », lançais-je d’une voix semi basse entre colère et gêne. Il n’y avait personne autour de moi, enfin c’est ce qu’aurait dit n’importe qui de sain d’esprit. Mais moi je savais qu’elle était là, je reconnaissais sa voix, sa présence oppressante. Attrapant quelques livres, je me décidais à rejoindre les personnes présentes à la bibliothèque, selon mon thérapeute, cela devait m’aider à repousser ces situations déstabilisantes. Mais lorsque je me retournais je sursautais en découvrant que quelqu’un se trouvait derrière moi. Ma poignée de livre s’écrasait au sol dans un bruit dérageant pour un endroit tel que celui-ci. « Je suis désolée. », chuchotais-je en m’empressant de ramasser mes livres devant le regard intrigué de la personne en face de moi. Accroupie pour rassemblée mes idioties, je ne faisais pas attention à ce qui se passait autour de moi, ni même au fait que la personne qui me faisait face m’avait laisser seule. J’essayais seulement de ne pas céder à cette voix qui me torturait intérieurement, histoire de ne pas me faire virer de cet endroit. « Fiche moi la paix ! », lâchais-je malgré tout aussi bas que je le pouvais tout en continuant à rassembler mes bouquins.
MAY
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❝ Laura Benett ❞
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Nombre de message : 161 Date d'inscription : 01/02/2018 Emploi/loisirs : Bibliothécaire Habitation : Un grand loft with mister Haggerty Célébrité choisie : Carly Rae Jepsen Multicomptes : Elliott, Barney,Lane,Nathan Gifs : Tombés d'en haut comme les petites gouttes d'eau que j'entends tomber dehors par la f'nêtre quand je m'endors le coeur en fête
Poseur de girouettes du haut du clocher donne à ma voix
La direction par où le vent fredonne ma chanson
Tombé sur toi, tombé en pamoison, avalé la ciguë goûté le poison qui tue
L'amour, l'amour encore et toujours
Jeu 7 Juin - 16:18
Cela faisait bien trop longtemps, que je n’avais pas vu ma sœur. D’ailleurs, à dire vrai, j’avais quasiment perdu tout contact, avec elle, et je m’en voulais. L’impression de l’avoir abandonnée, j’étais tellement honteuse que je n’en avais jamais touché un seul mot à Ryan. Et cette culpabilité me bouffait à petit feu.Seattle était bien loin derrière nous. Et depuis la mort de ma mère, je n’y avais jamais remis les pieds. C’est d’ailleurs là, que j’avais perdu la trace de ma petite sœur, insidieusement, doucement mais sûrement. Parce que le temps passait, que j’étais bien trop occupée dans ma petite vie bien rangée de bibliothécaire fêtarde. Bon sang, mais à quel moment avais-je commencé à vieillir ? On se l’était pourtant promis : rester les grands enfants que nous étions la première fois qu’on s’était vus. Et aujourd’hui, si Ryan réussissait l’épreuve haut la main, moi, j’avais l’impression d’avoir six-cents ans. Soupirant, j’ai éteint le réveil qui sonnait, signifiant qu’encore une fois, j’allais devoir faire le même tour, inlassablement. D’abord… ouvrir l’établissement. Attendre patiemment les premiers lecteurs, les accueillir. Puis ranger quelques livres, enregistrer les sorties, jusqu’à la pause, que je prendrai quelques heures plus tard, attaquant un nouveau livre avec plaisir. Ca faisait des années que je faisais ça, et, de temps en temps, j’avais l’impression que j’allais bien finir ma vie ainsi, entre ces quatre murs. D’une ville à une autre, les bibliothèques avaient beau ne pas être les mêmes, elles se ressemblaient, pourtant.
Prenant garde de ne pas le réveiller, j’ai regardé Ryan dormir, le temps d’émerger moi-même. J’espérais qu’il mesure la chance qu’il avait, de dormir à n’importe quelle heure, et se réveiller quand il voulait. Souriant dans le vague, j’ai embrassé son épaule, avant de filer me préparer, prendre en hâte un café, et finalement, foncer, en retard comme tous les matins…
Attrapant de justesse mon bus, j’ai checké mon téléphone. Il me restait vingt minutes, avant de devoir ouvrir. Prenant une grande inspiration, j’ai empoigné mes écouteurs, et sélectionné ma playlist du moment. Les arctics monkeys, n’était-ce pas le top pour se réveiller dans la bonne humeur ? j’en étais intimement convaincue.
La pluie tapait contre les vitres du bus. Je les regardais couler, remarquant à peine les piétons qui couraient, dans le but de prendre le moins d’eau… comme s’ils étaient en sucre !
Une fois arrivée, j’ai à mon tour couru. Pas que me mouiller me dérangeait, cependant, j’étais définitivement à la bourre. Satanés bouchons. Pénétrant à l’intérieur des locaux, j’ai mis en route mon ordinateur, et vins me chercher un café. A mon retour, quelques clients fidèles, que je saluais de bon coeur, avant de répondre à leurs diverses demandes. Quelques retours, un renouvellement de carte d’abonnement, des emprunts, des demandes de prolongement…
Jusqu’à ce que j’entende, déchirant le silence, le bruit sourd de plusieurs livres tombant comme des dominos. Avançant vers le rayon où je crus reconnaître ce fracas, j’ai demandé aux clients de patienter un moment, appelant ma collègue à la rescousse… Enfin arrivée, c’est une jeune femme agitée, que j’ai trouvée affairée, à ramasser les livres :
- Attendez, je vais vous aider. Ai-je lancé, avant de récupérer quelques ouvrages que je m’apprêtais à lui rendre. Jusqu’à ce qu’elle ne relève la tête. Je restais stupéfaite. Comme si je venais de voir un fantôme. Les yeux ronds comme des soucoupes, j’ai fini par balbutier :
- Mi… Mia ?! qu’est ce que tu fais là ?!
Et ne pouvant pas faire autrement -c’était inconcevable pour moi-, j’ai fini par la serrer dans mes bras, comme si j’avais peur qu’elle ne prenne la fuite… Embrassant sa joue, j’ai continué :
- Tu m’as tellement manqué...
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