Soirée alcoolisée (Francis)

Aussi curieux cela pouvait il paraître, je la dévorais des yeux. Loin des stéréotypes fleur bleue à la con, ou même des pervers psychopathes qui penseraient à se la taper avant toute chose (bon, il était aussi vrai que cette idée m'avait effleuré l'esprit. Mais contrairement à mes habitudes, j'avais bien trop d'égard envers Angie pour tenter quoique ce fut. Et puis... imaginez le bordel, si l'on était vraiment ensemble, en fin de compte ? non. Merci, mais non, je passerai mon tour.). Pas totalement Hugh Grant, donc, et pas totalement Emile Louis non plus. Je devais être un habile milieu entre tout ça. Mais plus je l'observais, plus la force de caractère que je connaissais, et la fragilité que je pensais déceler, étaient tant de signaux contradictoires qui me faisaient ressentir toute sortes de choses que je n'aurais pas encore sû nommer. Enfin... une chose était pourtant sûre. L'attraction qui grandissait en moi pour elle, était bien réelle.

Profitant du calme de la nuit et de l'incertitude qu'elle nous offrait, je me contentais d'avancer, au rythme tranquille de la démarche d'Angela dont les talons claquaient sur le sol. C'était d'ailleurs le seul bruit qui résonnait à la ronde. De temps à autres, le vent dans les feuillages. Une bagarre de chats. Il m'avait rarement été donné d'entendre un silence presque aussi parfait, dans les rues de cette ville, où, pourtant, le repos n'existe en apparence presque jamais. Note à moi même: aller ailleurs qu'au centre, pour espérer un peu de calme.

Après l'avoir embrassée, je dois bien reconnaître que je me suis senti stupide. Pourtant pas du genre à regretter ce genre d'initiative, je me sentais bel et bien comme l'un de ces crétins pré-pubères à qui l'on promet la nana la plus canon du bahut. A n'y rien comprendre. Pas certain d'ailleurs que ça aie été mon but à un moment où à un autre, de chercher à comprendre ce qu'il se passait.

Mais le plus étonnant était à venir: j'avais beau être sûr de moi, j'étais tout aussi persuadé que j'allais me manger une mandale, en l'embrassant. Seulement... non. à la place, une caresse sur la joue, et un baisé accueilli avec succès. Cerise sur le gâteau, sa demande, de finir la soirée à l'hotel. J'en aurais presque été gêné, si je n'avais pas eu mon tempérament, ou je ne sais quoi. C'est quand même de moi, Francis Steal, dont on parlait. Et en tant que mec le plus cool de la Terre, il était inconcevable que je me sente gêné dans ce genre de situation. D'autant qu'au final, j'aurais eu de quoi être heureux: à en croire son discours, elle ne voulait pas arrêter là. Et peu importe ce qui pourrait bien se passer, rester avec elle me suffisait, étrangement.

- Wow, j'm'y attendais pas à celle là. Mais... avec plaisir ! lui ai-je répondu dans un sourire.

Bien évidemment, la suite, vous la connaissez. Nous sommes montés tous les deux, à l'étage de cet hôtel qui trônait fièrement de l'autre côté de la rue. On a discuté, encore et encore, vidant doucement mais sûrement le mini-bar de notre chambre. Pour ce qui est du reste, ça n'appartient qu'à nous. Ce qui s'est passé dans cette chambre, restera à tout jamais dans cette chambre; le souvenir de notre étreinte inattendue et pourtant si évidente...