Do what you want cause a Pirate is free... you are a Pirate ! |Lyra

Souvent, je me racontais des histoires pour passer le temps, c'était pas l'imagination qui me manquait. Enfin, en même temps, ce n'était pas non plus vraiment étonnant, avec les tonnes de livres et de pièces de théâtre que je consommais quotidiennement. Un véritable drogué de la lettre, du mot, de l'alexandrin et de la répartie bien sentie. Je rêvais, souvent, d'île au trésor, encore inexplorée, où je découvrirais des tas et des tas d'endroits, qu'ils soient sur terre, comme Livingston, ou... dans l'eau, comme le commandant Cousteau. Et... figurez vous que cette carrière d'explorateur à la Indiana Jones, j'allais enfin pouvoir la commencer, pas plus tard qu'aujourd'hui ! comment ? pourquoi ? demandez à Lyra, la meilleure amie de Léo. Je l'aime énormément, la considérant comme une soeur depuis mon plus jeune âge. Et aujourd'hui, je lui ai proposé d'aller prendre l'air, sur les bords du Rio Grande. Car j'ai beau avoir vécu ici la quasi totalité de ma vie, jamais je n'avais eu l'occasion d'aller là bas. Et pourtant, j'en avais faits, des trucs ! Enfin soit.

La chance faisait qu'il faisait bon, aujourd'hui: ni trop chaud, ni trop de vent. Il fallait dire cependant que cela n'avait rien d'exceptionnel, tant la chaleur savait être étouffante, en toute saison ici. Alors il fallait savoir s'occuper. Et quoi de mieux qu'un pique-nique, et pourquoi pas une baignade ? C'était simple, mais efficace ! et puis... souvent, les meilleures choses dans la vie n'étaient pas les plus compliquées. J'étais convaincu qu'on allait bien se marrer, comme souvent...

Une fois mes affaires prêtes, j'ai appelé Lyra. Je serais en bas de chez elle en moins de temps qu'il en aurait fallu pour dire "Krav Maga".

- Salut Lyly ! prépare tes affaires, je t'embarque ! passe le bonjour à mon frère; j'arrive dans 20 minutes !

Et une fois arrivé, j'ai frappé à la porte, attendant sagement qu'elle vienne m'ouvrir, pensant à la route qu'il nous restait encore à parcourir...

Pour une fois que j'avais un peu de temps libre, c'était tout naturellement, que l'idée d'inviter Lyra, ma grande soeur de coeur ! je l'aimais beaucoup, et tout ce temps passé sans la voir me faisait réaliser qu'elle me manquait. Ouaip, c'était sans doute un peu fragile de dire ça, mais elle me manquait, et j'avais besoin de la voir. Quoique... est ce que vouloir voir ses potes, c'est être fragile ? très philosophique tout ça. Vous avez par conséquent... quatre heures. Pas une minute de plus pour répondre à cette fameuse question ! Mais bon, là je m'égare carrément.

Une fois devant sa porte, j'ai attendu sagement, tendant l'oreille, au cas où elle me dise d'entrer directement, comme je le faisais souvent ! ce qui fut d'ailleurs le cas. J'entendis sa voix fluette sortir de je ne savais où. Et passant la tête dans l'encadrement de porte, un peu au hasard, j'ai hasardé :

- T'es là ?

Et la réponse était... NON. Elliott, qu'est ce que tu fais dans le placard ?! c'est ce que je me suis demandé sur le coup. Putain, j'étais vraiment fatigué. Ou con. Ou fatigué. Ou les deux. C'était pourtant pas comme si la maison m'était inconnue. J'étais venu bon nombre de fois, et elle était bel et bien censée n'avoir plus aucun secret pour moi ! du moins... c'était ce que je croyais. Sinon, dormir, la nuit, c'était une option, aussi, hein ?

Finissant enfin par trouver Lily, j'ai souri, en la voyant s'appliquer autant :

- Besoin d'aide ? ai-je demandé avant de venir lui faire la bise, et ajouter avec amusement, toujours pas remis de ma bêtise :

- Au fait... tu sais pas quoi ? je t'ai cherché dans le placard de l'entrée, à l'instant ! et du coup.. t'y étais pas. Je suis déçu !

Dans un sourire, j'ai fini par lui demander :

- Enfin... Bref ! comment tu vas, sinon ?

Lyra m’avait énormément manqué. Et ce n’était pas par manque d’envie de la voir, que je n’avais pas décidé de sauter le pas, de lui proposer ce pique-nique ensemble. En réalité, mon emploi du temps défiait l’entendement. La pièce de Ryan, dont j’attendais beaucoup, me prenait le plus clair de mon temps. D’ailleurs, elle me prenait tellement de temps que j’avais arrêté de travailler. Et si mon loyer aurait pu être un problème, j’avais heureusement assez de côté pour voir venir quelques temps… Plus cigale que fourmi -j’avais toujours été ainsi, c’était dans mon tempéramment-, j’avais pourtant bien géré les choses, c’était indéniable. Ne restait plus qu’à bien jouer, de tout mon coeur, de tout mon être comme à mon habitude, le soir venu. Qui savait. Peut être qu’avec un peu de chance, je taperais dans l’oeil de je ne savais quel grand ponte… C’était aussi pour cette raison, que j’avais besoin de voir celle qui, à mes yeux, s’apparentait le plus à une sœur. Je voulais lui annoncer la grande nouvelle.

Arrivant dans la cuisine, j’ai vu ma Lily, du chocolat jusqu’aux yeux. L’observant d’un regard interrogateur et amusé, j’ai croisé les bras, lorsqu’elle m’a affirmé pouvoir se débrouiller sans moi. Et m’adossant au cadrant de la porte, je l’ai observée. Ses gestes étaient techniques, précis. J’aurais pu la regarder faire pendant des heures.

Lui ayant avoué ma distraction en arrivant, j’ai éclaté de rire, en la voyant entrer dans mon jeu à pieds joints. Et arquant un sourcil, j’ai surenchéri :

- Promis, il n’en saura rien ! Je suis une tombe ! Et puis… maintenant, je saurai où te trouver, si on joue à cache-cache !

Car… oui. Du haut de mes 26 ans, il m’arrivait toujours de jouer à cache-cache, éperviers sortez, et autres un, deux trois, soleil ! avec mon frangin. Au fond, c’était la même pour tout le monde : on ne faisait que remplacer la cours de récré par une autre, en vieillissant. Et si certains tentaient de se voiler la face avec l’excuse de l’âge, Léo, et moi gardions nos habitudes, certes immatures dans une naïveté déconcertante. Après tout, la vie était faite pour se marrer, non ?

Observant la belle enfourner la boite dans son sac, j’ai souri, avant de faire mine de stresser :

- Oulah… seriez vous en train de me mettre la pression, mademoiselle Hutcherson ? Si c’est le cas… félicitations, vous êtes douée. Pour répondre à ta question, je vais très bien ! Et… si ça te va, j’avais pensé aller du côté du Rio Grande. Ca fait une éternité, qu’on y a pas foutu les pieds. T’en pense quoi ?

Cherchant les clés de ma voiture dans mes poches, j’ai poursuivi :

- Tu as besoin d’aide ? Tu veux que je porte quelque chose ? Profite, pour une fois que tu as un homme fort chez toi…

Bien évidemment, il allait sans dire que ce tacle moqueur envers mon frère était là pour faire rire. Je l’aimais bien trop pour le tacler vraiment. D’autant qu’entre lui et moi… il n’y avait pas vraiment photo : c’était moi, le gringalet de la famille. Ca l’avait toujours été.

Lyra ? c’était cette fille un peu fofolle, mais adorable qu’on aimait profondément, avec qui l’on aimait passer des moments mémorables, emprunts de merveilleuse folie douce -celle que Léo et moi partagions aussi, d’ailleurs.- . D’aussi loin que je me souvienne, Lyra avait toujours fait partie de la famille : Léo l’avait emmenée un jour, et depuis, elle était comme l’une de nos sœurs. Comme quoi, certains slogans étaient vrais : l’essayer, c’était l’adopter.

L’observant s’affairer dans la cuisine, je lui ai avoué à quel point j’avais été débile, moins de deux minutes auparavant, et finis par lui répondre avec amusement que maintenant, je saurais où la chercher, en cas de cache cache improvisé avec elle et mon frère… ce qui, croyez le ou non, était très fréquent, encore aujourd’hui.

- Roooh miiince ! Je suis démasqué. Si je ne peux pas tricher… j’pourrais utiliser ta planque au moins ? Lui demandais-je d’un ton amusé, avant de reprendre de plus belle, répondant à son affirmation : je n’en doute pas, Mlle Hutcherson. Au fait… et si on s’appelait par nos petits noms ? Ce serait sans doute plus commode, hm ? j’ai marqué une courte pause en l’écoutant me dire que ma proposition lui convenait : Bon, eh bien… banco ! Allons y !

Me dirigeant vers la porte que j’ouvrais, la tenant à mon amie en grand gentleman que j’étais,j’ai éclaté de rire face à sa proposition :

- Tenu ! Je serai ton fidèle destrier jusqu’au rez de chaussé. Mais par pitié ! Ne m’appelle pas « petit tonnerre », comme le poney de Yakari ! Je veux un nom qui claque !